Pour continuer dans la série avec l’auteur américain Seth GODIN, je voudrais aborder avec vous le thème du pilier. Mais qu’est-ce qu’un pilier au juste ?
Il assimile le pilier à un artiste, mais pas au sens où on l’entend.
Nous avons abordé précédemment dans l’article #1 – POKE THE BOX, qu’il faut apprendre à faire des expériences, à ne pas avoir peur de se lancer.
Dans celui-ci, il aborde le rôle des piliers dans le milieu professionnel et ce qu’ils apportent à l’entreprise. Pour l’auteur, les piliers sont l’avenir pour le développement des entreprises. Être un pilier, c’est donc un des moyens à notre disposition pour devenir indispensable.
Mais la route est longue pour y parvenir, car l’environnement dans lequel nous avons grandi ne nous a pas préparé à ce changement.
1. L’éducation a fait de nous ce que nous sommes.
Pour rappel, notre éducation, qu’elle soit parentale ou scolaire, nous a formaté pour qu’on fasse notre boulot, qu’on écoute notre patron, qu’on reste dans le système. Qui n’a pas entendu ses parents ou ses professeurs lui dire :
- Écoute bien le prof !
- Fais bien tes devoirs !
- Respecte bien les règles !
- Aie de bonnes notes, c’est la clé pour réussir à intégrer une bonne entreprise.
Pour ceux d’entre nous qui ont des enfants, nous avons reproduit le même schéma. On leur a répété ce que nos propres parents nous ont dit, maintes et maintes fois !
À tel point que cela s’est ancré en nous comme un mantra. En gros, pendant toutes ces années, on nous a appris à suivre les manuels sans jamais les remettre en question (pour la plupart d’entre nous).
Les règles à suivre sont :
- Ne pas se faire remarquer,
- S’intégrer au groupe sans faire de vagues,
- Suivre les ordres sans poser de questions.
C’est un peu brutal comme vision, mais si on se pose un moment et qu’on réfléchit à ce que nous avons tous vécu jusqu’ici, je ne suis pas loin de la vérité. On a fait de nous de bons petits soldats prêts à travailler dur dans une ou plusieurs entreprises jusqu’à la retraite. Le CDI étant le Graal !
Et ceux qui ne se conforment pas à cette règle sont rejetés par la société. Le système recherche une norme et pour y arriver, il nous faut rentrer dans des cases préétablies. C’est pourquoi, être un artiste n’était pas un métier, c’est au mieux une passion. On ne fait pas de notre passion un métier, enfin pas un métier qui rapporte.
A l’ère industrielle, c’était la norme. Les ouvriers n’avaient qu’une tâche à accomplir et ce n’était sûrement pas celle de réfléchir à une possible évolution de leur métier. Ils devaient suivre les procédures à la lettre, des procédures éditées par une minorité qui parfois n’avait jamais mis les mains dans le cambouis. Si un ouvrier voulait changer un procédé, il était plus vu comme un perturbateur, plutôt qu’un innovateur.
Cette vision perdure encore aujourd’hui dans les grandes entreprises, même au sein des employés de bureau. Les changements ne peuvent venir que d’une poignée de gens, de ceux qui ont été formés pour réfléchir, pour innover.
Heureusement, cette vision a évolué avec l’arrivée des start-up, des entreprises dont le but premier est l’innovation, la création. Ces entreprises ont su faire émerger des piliers parmi leurs collaborateurs.
2. Le boulot VS le travail ?
Avant toute chose, il serait bon de rappeler la différence entre un boulot et un travail.
Pour beaucoup d’entre nous, nous utilisons ces deux termes pour désigner la même chose, mais il existe une subtilité entre les deux que nous sommes nombreux à avoir oubliés. Car avoir un boulot, ce n’est pas la même chose qu’avoir un travail.
D’après l’auteur : « Le boulot, c’est ce que vous faites quand on vous dit quoi faire. Le boulot consiste à pointer à l’usine, à respecter des consignes, à répondre à des normes techniques et à être dirigé. Le boulot n’est pas votre travail ; le travail, c’est ce que vous faites avec votre cœur et votre âme.»
En y réfléchissant, je suis persuadée que cette définition correspond à ce que nous vivons chaque jour en allant travailler. On suit les règles au point parfois d’agir comme des robots. Nous sommes en pilotage automatique.
Pour l’auteur, ce n’est pas une fin en soi. On doit, à travers notre travail, pouvoir laisser exprimer l’artiste qui est en nous. L’artiste, c’est celui qui conteste l’ordre établi pour provoquer un changement. C’est avant tout un acte personnel, un cadeau fait aux autres et qui doit changer celui qui le reçoit. L’artiste est donc source d’idées, de générosité, d’amour. Il crée des relations entre son œuvre et les autres.
Cet artiste a beau être présent en chacun de nous, il n’a pas souvent l’occasion de se manifester. Les règles établies et notre éducation nous ont souvent obligés à réprimer notre envie de changer les choses.
- Et puis d’abord, pourquoi le ferions-nous ?
- Qu’est-ce que cela pourrait nous apporter ?
- Il y a déjà des gens qui sont payés pour le faire alors pourquoi s’en mêler ?
Toutes ces questions qui nous viennent sont là pour nous freiner dans notre élan. Le changement fait peur, le regard des autres fait peur, c’est notre cerveau reptilien qui parle, sources de toutes nos résistances. On a tellement l’habitude de l’entendre et surtout de l’écouter que cela nous rassure. Ne pas se faire remarquer. Ne pas faire de vagues.
Il est vrai qu’il nous a permis de traverser les âges en sauvegardant notre espèce. Il a été là pour nous montrer ce que nous pouvions faire et surtout ce que nous ne devions pas faire pour survivre.
Mais aujourd’hui, il est toujours aussi présent alors que nous n’avons plus les mêmes difficultés à affronter. Il est tout de même rare, dans la vie de tous les jours, de rencontrer un monstre prêt à nous dévorer.
Je ne dis pas que cela ne peut plus nous arriver, mais il est vrai que cela semble peu probable. C’est pourquoi l’auteur souhaite faire émerger en nous un changement profond.
Pour lui, il est donc temps de réveiller l’artiste et observer le monde qui nous entoure. De laisser libre cours à notre créativité et de permettre à l’audace de s’exprimer.
3. Un pilier, c’est quoi ?
Il est temps de devenir des piliers pour faire avancer le monde. Ne plus être de simples rouages dans le système. Les entreprises ne le savent pas encore toutes, mais avoir des piliers au sein de leurs équipes les feront traverser les crises.
Les petites entreprises en ont déjà pris conscience. Elles font de plus en plus confiance à leurs salariés pour faire émerger de nouvelles idées. Ce n’est plus seulement les dirigeants qui ont ce monopole. Et c’est tant mieux.
Mais que faut-il faire alors ?
Devenir un pilier demande de créer de l’ordre dans le chaos en ayant de nouvelles idées pour résoudre des problèmes. En effet, étant au cœur de l’activité, nous sommes plus à même de faire de nouvelles propositions. Nous utilisons tous les jours les outils mis en place pour faire notre boulot et notre travail sera donc de chercher s’ils sont toujours optimaux ou s’il existe des solutions plus adaptées à mettre en place.
Devenir un pilier demande de voir le monde tel qu’il est vraiment et pas uniquement comme on voudrait nous le faire voir. Les médias et la publicité nous font voir le monde par un prisme. Mais avec l’émergence d’Internet depuis les années 2000, nous avons accès à des informations bien plus larges. C’est donc à nous d’élargir votre vision du monde.
Pour cela, il nous faudra sortir de notre zone de confort, aller voir ce qu’il se passe plus loin. Et surtout persévérer. Ne pas avoir peur de se tromper. Apprendre à aller de l’avant.
C’est pourquoi l’auteur associe le pilier à un artiste, mais un artiste au sens large.
4. Pilier, réveillons-nous !
Il ne faut plus avoir peur de s’exprimer que ce soit dans la sphère professionnelle ou personnelle. Si dans nos tâches quotidiennes, nous avons de nouvelles idées pour améliorer ce qui est mis en place, il faut pouvoir l’exprimer à nos collègues, à notre hiérarchie afin que nos idées soient mises au contact des autres.
Si on garde pour nous nos idées, nous ne serons jamais ce qu’elles valent. C’est en les confrontant à la réalité que la réponse nous apparaîtra.
C’est également vrai dans la sphère personnelle, avec notre conjoint, nos parents, nos enfants. Il faut franchir cette peur du regard des autres sur les idées que nous pourrions avoir. Toutes ne seront pas réalisables, ou pas en l’état, mais elles auront le mérite d’être exprimées afin de faire avancer les choses qui nous tiennent à cœur. Ne pas les exprimer, c’est renoncer.
Cela entraînera forcément de la frustration surtout si notre idée restée silencieuse a fini par être exprimée par quelqu’un d’autre. Tout ce temps perdu !
La lecture de ce livre m’a donné envie de m’exprimer sur le sujet pour vous donner envie de passer à l’action. Il faut apprendre à sortir de la matrice, de toutes ses conventions qui nous empêchent de nous exprimer.
À travers cet article, je ne cherche pas à faire la révolution, juste à faire prendre conscience que si nous avons des idées qui peuvent améliorer notre quotidien et celui des autres, cela serait dommage de ne pas les exprimer.
Rester sur le quai de la gare à attendre le bon moment. Se poser un milliard de questions pour conclure que notre idée est stupide. Que diront les gens, se moqueront-ils de nous ?
C’est laisser exprimer notre cerveau reptilien au lieu de le museler. Certaines personnes y arrivent alors pourquoi pas nous !